Philippe Bouteloup, musicien, directeur de l'association Musique et santé
http://www.musique-sante.org
(2001)
Ce matin, Noémie, 9 ans, et sa maman attendent l’opération. On doit enlever une broche du bras de la jeune fille. Cela n’interdit pas un moment de musique. […] L’attente est oubliée. […] Les infirmières nous accompagnent de leur voix au moment du départ. Déplacer un lit en poussant la chansonnette, c’est tout de même plus sympathique. Même l’ascenseur ne nous freine pas dans notre élan “enchanté“. […] Un dernier petit mot de maman, un bisou avant l’entrée interdite du bloc opératoire. “À tout à l’heure!”
Ce matin, la chanson des Oursons est contagieuse. Les anesthésistes et les infirmières du bloc se laissent gagner par la musique. Le sourire de Noémie n’y est sûrement pas pour rien. Le temps pour moi d’enfiler la tenue de rigueur et je retrouve Noémie sur la table d’opération. “Je t’accompagne en musique pour t’endormir”, et la guitare d’égrener ses notes au rythme du scope, jusqu’à l’endormissement. […]
Le réveil sera calme, comme si l’opération n’avait été qu’une parenthèse. La musique, tel un fil d’Ariane, a permis à Noémie de rester en contact, de ne pas s’égarer dans ce dédale de couloirs, de visages inconnus et masqués.
Mais la musique a ses limites. Elle ne remplacera pas un antalgique ou la présence d’un parent. Loin d’être un gadget, elle doit rester un moyen supplémentaire au service de l’accueil. Un temps de plaisir et d’écoute partagé.